Le 29 mars dernier, le meilleur coureur de Roumanie aurait du prendre le départ de la 1ere édition du Trail de la Cité de Pierres. En effet, Ionut Alin Zinca (Team LaSportiva) a une cote de 847, juste devant un certain Robert Hajnal (2e de l’UTMB 2018).
Entre Ionut et Guilhem, l’organisateur du Trail de la Cité de Pierres, la rencontre s’est effectuée en Roumanie à l’occasion du Marathon 7500, sur une course en duo.
Bonjour Ionut, En quelques mots peux-tu te présenter et nous dire d’où tu viens ?
Bonjour, je m’appelle Ionut Alin Zinca, j’ai 37 ans et je viens de Roumanie où j’ai grandi dans une petite ville entourée par la forêt de Popleni.
Des coureurs vont lire cette interview, tu peux leur parler de ta pratique personnelle du trail ? Quand as-tu commencé ?
J’ai commencé à courir à l’âge de 11 ans par de la course d’orientation dans un premier temps, puis j’ai découvert la course en montagne vers 20 ans. L’orientation était et reste ma première passion.
Combien de sélections nationales as-tu ?
A 15 ans, j’étais déjà présent dans l’équipe nationale junior, cela a continué en senior puis en master.
Pour rester à ce niveau combien d’heures d’entrainement sont nécessaires par semaine ?
En ce moment j’essaie de revenir à un certain nombre d’heures d’entrainement, 21-25h par semaine mais au meilleur de ma carrière je faisais des semaines avec 37-38 heures d’entrainement.
Après autant d’années de course quel est ton meilleur et ton pire souvenir ?
Le sport est pour moi une manière de vivre, j’ai eu de bons et de mauvais moments. Coïncidence ou non d’ailleurs, mais mon meilleur souvenir est en France en 2011 avec une cinquième place aux championnats du monde d’orientation à Chambéry (distance courte). Le plus mauvais… je pense au positif et je regarde devant ! Vivez votre vie sans regrets
La course est un moyen de voyager, quel est ton endroit préféré pour courir et ta course favorite ?
Les Dolomites ont l’air fantastiques, mais j’aime la montagne de manière générale. Je pense que ma course préférée est la Zegama, mais j’aime aussi la Gijr di Mont au départ de Premana en Italie.
Et à l’avenir ? Ou te vois-tu dans 10 ans ?
Je ne sais pas. J’ai quelques idées, mais les choses ont beaucoup changé ces derniers temps.
Comme tu l’as dit les choses changent vite, comment se passe le confinement pour toi ?
Je passe cette difficile période dans le nord du pays avec une cour de 600 mètres carrés pour m’entrainer et permettre à mon enfant de jouer. J’ai beaucoup changé mon entrainement, avec du renforcement musculaire, mais les courses peuvent attendre, la santé de la famille est ma priorité.
A défaut de pouvoir t’entrainer comme avant as-tu un livre de confinement, un film ?
Je préfère regarder des documentaires durant cette période sur des explorations, des chaines d’histoire, Megamax, mon fils regarde avec moi et me pose beaucoup de questions.
L’alimentation est une chose importante pour un coureur, tu profites du confinement pour cuisiner ?
Oui, je passe beaucoup de temps dans la cuisine j’aime vraiment ça.
Et quelle est la première chose que tu feras lorsque le confinement sera terminé ?
Recommencer à courir librement !
Une bonne idée. Millau et Popleni sont des villes jumelles alors peux-tu nous faire découvrir ta ville ?
C’est une petite ville très calme. Jusqu’à la révolution c’était une ville animée avec une immense usine d’armement avec un personnel de 19 000 personnes. Après la révolution la production s’est arrêtée et la ville, petit à petit, a perdu des habitants, beaucoup ont migré à la recherche d’une vie meilleure. Mais ceux qui ont choisi de rester, prennent soin de cette petite ville tranquille. Mes parents et ma sœur y vivent toujours.
Et dans cette petite ville comment se passe le confinement ?
Nous évitons le contact avec d’autres personnes autant que possible en faisant uniquement les magasins du quartier en attendant des jours meilleurs. Mais la situation est plutôt bonne et donnera de nouvelles opportunités.
Comme nous l’avons évoqué nos villes sont jumelles ? Les habitants de Popleni le savent ils ? Es-tu déjà venu à Millau ?
Honnêtement je ne savais pas que nos villes étaient jumelles et je pense que beaucoup l’ignorent. Je suis venu 2 fois à Millau et je suis passé quelques fois sur le viaduc.
A Millau la première Ecole de Trail française a été créée il y a 2 ans. Qu’aimes-tu dans ce concept ?
C’est quelque chose d’incroyable et d’impensable en Roumanie. Les gens ont beaucoup d’autres choses à penser, et le sport se pratique souvent seul sans les conseils d’un entraineur.
Il y a différents groupes dans l’école, quels conseils peux-tu leur donner ?
Selon moi, jusqu’à 14/15 ans tout doit rester un jeu. C’est seulement après cet âge que vous pouvez appliquer un programme d’entrainement. Le jeu par le sport est très important dans le développement des enfants, de nombreuses qualités se développent seulement à une certaine période.
Et un conseil pour les parents ?
Laissez les enfants essayer, découvrir, et ne pas imposer vos souhaits.
Interview réalisée et traduite par Goulwen Kerneguez